Tout entrepreneur le sait : la vision est facile à formuler dans les moments de clarté, mais beaucoup plus difficile à maintenir dans la durée. Les cycles du marché, les imprévus personnels, les ralentissements inattendus viennent tester la solidité de cette vision.
Et ce n’est pas une question de motivation ponctuelle : c’est un enjeu de continuité identitaire.
Lorsque tu portes une vision ambitieuse, chaque imprévu ne se résume pas à un simple obstacle logistique. Il agit comme un révélateur intérieur. Il t’expose à ce décalage entre :
- ce que tu vois à long terme,
- ce que tu vis à court terme,
- et l’écart douloureux entre les deux.
C’est précisément dans cet espace que tout se joue : continuer ou abandonner, rétrécir ton horizon ou réaffirmer ton cap.
À ce stade de ton parcours, tu n’as pas besoin d’un “coup de boost” ou d’un slogan inspirant. Tu as besoin d’une vision incarnée : une vision capable de résister aux secousses du réel sans se dissoudre. Cela demande deux piliers essentiels, trop souvent sous-estimés :
- La résilience,
- La patience active.
En d’autres termes : comment rester l’architecte de ta trajectoire, même quand tout semble vaciller.
Voici le plan :
- L’imprévu : révélateur, perturbateur et miroir identitaire
- Garder ta Vision face aux imprévus ?
- Protocole V.O.I.E. : rester architecte malgré l’imprévu
L’imprévu : révélateur, perturbateur et miroir identitaire
Bon, c’est pas à moi de te définir ce qu’on appelle les imprévus. Ici, l’enjeu consiste à explorer comment maintenir ta vision malgré les imprévus.. Comment développer cette résilience et cette patience active.
Plus la vision est vaste, plus l’imprévu pèse. Pas seulement par son contenu concret, mais par l’impact qu’il a sur ton système de perception.
Quand tu portes une vision ambitieuse (profonde, engagée, souvent plus grande que toi) tu engages une grande quantité d’énergie psychique : espoir, projection, identité, sens.
Tu fais le pari que ton mouvement vaut l’investissement. Cet engagement est puissant. Mais il reste vulnérable.
Alors quand un imprévu surgit (un effondrement dans le marché, une perte de levier) ce n’est pas qu’un obstacle logistique. C’est une tension interne entre :
- Ce que tu vois à long terme
- Ce que tu vis à court terme
- Et la différence entre les deux

Et c’est dans cet écart que tout se joue.
L’imprévu agit surtout à l’intérieur : il bouscule ton équilibre psychologique, il teste ton rapport au temps, et surtout, il met en tension ton identité d’entrepreneur.
- Tu vas céder à la panique et laisser l’urgence dicter ton rythme ?
- Ou tu vas utiliser la secousse comme un miroir pour reprendre autorité sur ton état intérieur ?
Ce qui se passe, concrètement, à l’intérieur de toi face aux imprévus
Avant même de réagir à l’extérieur, ton système psychique, lui, est déjà en train de s’ajuster… ou de s’effondrer.
Voici ce qui se joue, en toi, quand l’imprévu frappe.
1. Contraction du champ mental
Un imprévu te fait souvent revenir brutalement dans l’immédiat. Le cerveau, par réflexe de survie, rétrécit le champ d’attention : tu te focalises sur ce qui ne va pas, ce qui manque, ce qui pourrait s’aggraver.
C’est une activation du système limbique, plus précisément de l’amygdale, qui traite le signal de danger. Tu peux être tenté de réduire ta vision, de la remettre en question, de l’abandonner provisoirement par contraction.
Et cette contraction n’est pas forcément logique. Elle est émotionnelle, instinctive. Tu ressens un resserrement intérieur, une forme de crispation.
C’est un peu comme si tu conduisais sur l’autoroute avec un grand horizon dégagé, et qu’une pluie soudaine brouille ton pare-brise. D’un coup, tu ne vois plus à 2 km mais seulement à 20 mètres.
Ton réflexe est de ralentir, parfois même de t’arrêter, alors que la route continue bel et bien. L’imprévu agit pareil : il réduit ton champ de vision et t’enferme dans l’urgence du présent.
2. Disruption de la narration interne
Ta vision s’incarne aussi dans l’histoire que tu construis sur qui tu es et vers quoi tu tends. Quand l’imprévu frappe fort, cette narration peut être atteinte.
Tu commences à entendre des phrases internes du type :
“Et si j’avais surestimé le sens de mon projet ?” “Est-ce que je m’étais menti à moi-même ?” “Est-ce que j’ai encore l’énergie pour porter cette vision sur le long terme ?”
Et cette remise en question n’est pas anodine. Parce que si tu n’as plus confiance dans ta propre histoire, tu perds le seul levier qui n’est pas externalisable : ton intégrité narrative.

3. Glissement vers une fausse urgence
Quand l’écart devient trop douloureux entre la vision et la réalité, le cerveau cherche à combler rapidement cet espace. Et là, il y a un risque de virer vers des solutions de court-terme, non alignées. Tu bouges, mais pas forcément dans le bon sens.
Tu actives un biais d'action compensatoire : tu fais pour ne pas ressentir. Tu changes des éléments de ton système (offre, audience, message, structure…) non pas par stratégie, mais pour soulager une tension existentielle.
Et c’est là qu’on peut faire de mauvais pivots, brûler des cycles, épuiser ses ressources.
Exemple,
Tu trouves une forme de stagnation sur ton chiffre d’affaires depuis plusieurs mois. Tu sens la frustration monter. Alors, presque sur un coup de tête, tu décides de tout changer : nouveau site, nouveau positionnement, nouvelle offre.
Sous pression, tu cherches à soulager la tension intérieure. Et tu t’engages dans un faux pivot, sans réelle stratégie — juste pour calmer ce que tu ressens. Résultat : tu épuises ton énergie… sans pour autant faire avancer ton projet
Alors,
Comment cultiver la résilience et la patience active pour maintenir ta Vision face aux imprévus ?
Avant de te montrer comment cultiver la résilience et la patience active, il faut reconnaître une vérité essentielle : ce n’est pas la force brute qui maintient ta vision, mais ta capacité à relire et ajuster ton récit intérieur. Autrement dit, ce n’est pas seulement “tenir”, mais savoir transformer l’imprévu en ressource.
Résilience : intégrer plutôt que subir
Beaucoup d’entrepreneurs associent la résilience à une forme de capacité à “encaisser” et “revenir comme avant”. Cette vision est partielle, et parfois même limitante.
La résilience dont je parle ici, n’est pas qu’une aptitude à encaisser ou à tenir coûte que coûte. C’est une forme de plasticité identitaire consciente. Elle s’exprime dans ta manière de te réorganiser en profondeur quand le contexte bascule.
Quand un imprévu survient, la tendance spontanée consiste souvent à vouloir revenir à l’équilibre précédent. Or, dans une vision évolutive de l’entrepreneuriat, il ne s’agit pas de revenir, mais de passer à une version plus ajustée de toi de ton système.
George Bonanno, chercheur en psychologie clinique, montre que les personnes résilientes partagent une qualité essentielle :
la flexibilité cognitive. Autrement dit, une capacité à varier leur angle de lecture d’un événement, sans rigidité ni évitement.
En pratique, cela signifie que ta vision à long terme ne doit pas être tenue que par la force, mais aussi soutenue par une capacité à dialoguer lucidement avec les événements.

Tu peux ressentir de la tension, de la déception, du doute ces signaux ne sont pas à rejeter. Ils informent un point de friction entre ton schéma actuel et ce que le réel te propose. Et c’est ici que la résilience se manifeste : dans ta manière de transformer cette friction en levier de clarification.
Dans mes 8 points cardinaux, le GRIT joue un rôle crucial pour cultiver cette Résilience.
Le Grit c’est quoi ? Le GRIT reprend cette idée de résilience, mais l’amplifie en y ajoutant deux ingrédients essentiels :
- La passion, une flamme durable qui donne du sens à ton engagement,
- La persévérance, la force d’avancer sans relâche, même quand le chemin est difficile.
Le GRIT est donc la combinaison puissante de ta capacité à rebondir et t’adapter (résilience), avec la ténacité et l’enthousiasme durables. C’est ce mélange qui te permet de poursuivre un objectif significatif sur le long terme, malgré les obstacles ou les périodes de doute.

Imagine le Grit comme le carburant qui alimente ta détermination à long terme, cette énergie inébranlable qui te pousse à persévérer malgré les imprévus, les doutes, les obstacles ou la fatigue. C’est la flamme intérieure qui continue de brûler même quand tout semble te résister, et qui t’incite à te relever avec plus de force et de conviction à chaque nouvelle épreuve.
Puis, il y a la Patience Active.
Patience active : constance sans inertie
La patience active est un espace intérieur très particulier. Tu continues d’avancer, mais sans exiger de résultats immédiats. Tu maintiens une tension créative, mais sans pression inutile.
Andrew Huberman, dit que :
“Le cerveau libère davantage de dopamine dans le mouvement vers que dans l’atteinte.”
C’est à dire :
Ce qui te fait tenir sur la durée, c’est la perception que tu avances (même petit à petit),pas forcément le fait d’avoir déjà atteint ton objectif.
Autrement dit, tu restes dans l’action tout en acceptant que les effets visibles prendront forme plus tard.
- Tu avances avec rigueur, mais sans forcer l’échéance.
- Tu construis des systèmes opérationnels à échéance longue, sans remettre en question leur validité dès qu’un creux survient.
- Tu ne confonds pas le silence apparent avec l’absence de résultats : tu apprends à décoder les signes faibles, les micro-indications que la structure est en train de s’aligner.
Dans L’incroyable Hulk (2008), il y a un moment où tout bascule. Face à la douleur et au chaos de la séparation, elle aurait pu se protéger, détourner le regard, se retirer pour ne pas être engloutie par l’horreur. Mais elle choisit de rester.
Ce n’est pas simplement un geste de soutien extérieur, mais un acte de fidélité intérieure. À cet instant, elle refuse de céder à la panique, elle cesse de négocier avec la version fragile d’elle-même, celle qui aurait cherché refuge dans la fuite.
Elle fait le choix d’incarner une version plus forte, plus alignée avec ce qu’elle veut protéger, même si cela signifie s’exposer à l’incertitude et à la peur. Sa force ne réside pas seulement dans le courage, mais aussi dans une patience active : elle accepte que le processus soit long, douloureux, incertain, et elle reste présente, sans chercher à précipiter l’issue.
C’est là qu’elle apprend véritablement à persévérer : une persévérance qui ne naît pas de l’orgueil ou d’un réflexe aveugle, mais d’une conviction profonde, prête à endurer le temps que durera l’épreuve.
Pour bien développer ces deux capacités : La patience Active et la Résilience, j’ai mis en place le Protocole V.O.I.E.